Et tout commença...

La tour du Cruxis est le plus beau et le plus spectaculaire monument jamais été construit sur Télania. Elle est au Cruxis, ce qu'Ania est aux Déesses si bien que s'en approcher est devenu un acte interdit. D'ailleurs, il est même impossible car l'étincelant édifice est protégé par un charme qui fait que plus l'on s'en approche, plus on s'en éloignera. Tel un phare s'élancent vers les cieux, elle éclaire le monde et peut-être vu à des kilomètres à la ronde pour guider le fidèle vers la route menant au chemin céleste de la foi et de la paix absolue. Les anges y vivent en communauté autour de leur chef et seigneur, retiré du monde pour mieux le guider, Yggdrasill. c'est en sa présence que tout commence et que tout se finira....

Yggdrasill savait que ce jour allait arriver. Ce dix huitième anniversaire tant attendu, énoncé par la prophétie comme le jour où l'Espoir d'Ania prendrai la route pour accomplir sa difficile quête. heureusement, et même si elle ne le savait pas, elle ne sera pas seule. Yggdrasill, avait été, et le sera toujours, celui qui la mènera vers la victoire et la protégera de toute son âme.
Il était là, debout, au milieu du choeur des anges, devant sa sphère de visualisation, où l'on y voyait, de façon distincte, la dite Elue, encore chez les Elfes, avec la belle mais triste reine Elfique, Calia. Tous savaient qu'elle partira demain à l'aube, sans ne jamais revenir. Ce qu'il s'y disait n'avait aucune importance. Le seigneur du Cruxis restait là, impassible, devant son globe, avant de se tourner, mains dans le dos, pour marcher vers un trône se trouvant non loin de là. Sa posture assise était royale, les deux mains plaquées sur les accoudoirs, le dos droit, et le visage digne, toujours tourné vers le globe qui lui servait d'oeil sur tout Ania.
Tout autour, la salle était plongée dans une douce lumière venue du dôme vitré au travers duquel on voyait danser des étoiles, la magie et chacun des éléments que le Cruxis conservaient avec précaution. En rang, comme les piliers de la salle circulaire, des anges du Cruxis, gardes des lieux, se tenaient, droits et fiers, impassibles, immobiles et imperturbables. Ils étaient comme sans vie. Pourtant il suffisait que leur souverain l'exige pour qu'ils  aillent à son service. La salle était d'or et de mâtereaux méconnus des mortels, conçue, comme toute la tour, à partir de la seule magie, selon la volonté d'un homme, celui qui se tenait là, assis sur son trône, au sommet de quelques marches, fixant constamment la sphère dans laquelle les images de Luna défilaient encore.
Quant alors...

- Viens donc mon ami.

Sa voix résonnait dans la pièce en imposant respect et adoration, comme s'il en étaient sortis tous les choeurs des anges, accompagnés de leur cortège divin. Et de derrière surgit de l'ombre, un homme vêtu d'un costume blanc argenté, aux bordures d'or avec dans le dos, deux ailes de magie, de couleur jaune.

- Yuan, il est temps pour toi d'accomplir ta mission.

Le seigneur du Cruxis se leva et s’avança à son tour pour poser sa main sur la sienne, en signe de reconnaissance. Tout deux s’aimaient d’un amour inconditionnel et jamais on n’avait vu sur Ania, une relation aussi puissante. Ils étaient à la fois amis et amants, frères et collègues, maîtres et apprentis. Leur respect mutuel n’étaient qu’un symbole de leur grande sagesse et de l’idéal qu’ils incarnaient.

- Ce pour quoi nous avons oeuvré va enfin toucher à son but. Il est grand temps pour le Cruxis de rétablir ce qui a été détruit et de mettre un terme à la terreur des Ténèbres.

Sa voix ne témoignait d’aucun emportement, sinon d’une certitude certaine, d’une confiance parfaite et d’une volonté aboutie. Ce n’était pas de l’illumination qui traversait l’esprit d’Yggdrasill, mais une sagesse mêlée à de la certitude. A son fidèle ami, il ajouta :

- Luna est notre seule espoir. Protège là de tous les vices et ne la laisse jamais sans défense. Elle doit vaincre !

Lui et Luna ne s'était vu que deux fois. Pourtant, le maître du Cruxis portait depuis toujours la jeune fille dans son coeur et veillait sur elle comme un frère veillerait sur sa soeur. Jamais il n'avait raté une journée sans la voir et jour après jour il l'avait vu grandir. De nourrisson, il l'avait vu prononcé ses premiers mots. Puis d'enfant chétive, elle était devenue une adolescente rêveuse et aujourd'hui elle était une femme à la beauté et la prestance sans égal. En même temps Yuan s'était approché de lui et avança sa tête. Yggdrasill posa alors sa main sur ses cheveux et ses doigts les lui peignirent. Or, après le passage de sa paume, la peau de son ami se changea en plumes noires comme la nuit. Il ne resta bientôt plus de l'humain qu'un corbeau aux yeux jaunes perçant, sur l'index droit du seigneur du Cruxis, qui lui caressait la tête en approchant ses lèvres de son crâne pour murmurer :

- Va, envole toi fidèle cavalier de la nuit.

Et en levant brusquement le bras pour libérer l'oiseau :

- Traverse les continents et les océans, combat les tempêtes et les ouragans ! Que le chemin vers l'Elue d'Ania te soit ouvert !